Quel peut bien être le but de la tristesse? Elle semble être comme la couverture dans laquelle vous vous emmitouflez lorsque vous avez froid. Dans une certaine mesure, elle semble comme un baume que vous appliquez sur vos plaies. Ça soigne. Ça aide à soigner.

Aussi désolante soit-elle, la tristesse prend aussi la forme d’une douceur un peu sucrée que vous conservez en bouche. Elle est comme un palliatif qui apaise une douleur en vous. Indéniablement, il y a de la douceur dans la tristesse. Comment cela peut-il être? Pourtant c’est bien là. Endeuillé par la perte d’un être cher à votre cœur, que vous pleurez soit ouvertement avec des larmes soit silencieusement sans larmes, vos pensées forment un inquiétant chapelet. A chaque grain, vous ruminez le décompte de vos pertes, comme si vous caressiez tendrement votre chagrin, votre deuil, comme si vous vous rapprochiez un peu plus de cette personne qui a disparu de votre vie.

Comment peut-on trouver du réconfort dans la tristesse ? Pourtant on en trouve.

C’est facile de dire que dans la vie tout est temporaire, que rien n’est permanent dans le monde. Le sable crisse et se déforme sous vos pieds à chaque instant. La tendre rose se flétrit et à peine tenez-vous un trésor dans vos mains qu’il s’estompe et s’éloigne déjà. La vie paraît vous enlever à chaque instant ce qu’elle faisait mine de vous confier l’instant précédent.

C’est facile de dire que, dans ce monde, rien ne vous appartient. Facile de dire que tout y est illusion. Ah, mais combien cette illusion vous tient dans ses fers… Combien elle est significative à vos yeux… Combien vous dansez à son rythme!

Pourtant, il est une chose, une chose éternelle, dont vous disposez. Cela semble une contradiction. En fait, quand tout est dit, tout est fait, il y a deux éléments éternels que vous détenez. Quant tout est dit, tout est accompli, vous avez la vie. La vie sans le corps est aussi vie. Avec ou sans corps, l’amour est là, impossible à détisser. Seulement à vos yeux, à vous qui tissez la vaste toile de l’amour, l’amour semble vaciller comme la flamme d’une bougie, pourtant l’amour est TOUT. Pour vous, la mort semble définitive et l’amour temporaire.

Il M’est impossible de séparer l’amour de la vie, la vie de l’amour. Je ne sais pas comment faire. Je ne sais pas comment faire cela, pas plus que Je ne sais comment Me séparer de Mes enfants. Ce que vous faites chaque jour est impossible pour Moi, pas même une fois dans l’éternité. Je ne peux pas même imaginer la séparation. Je sais que vous en revanche, vous acceptez la séparation.

Je vis dans la Vérité, et Je la connais pleinement et parfaitement. Vous aussi vous vivez dans la Vérité, pourtant vous croyez à l’illusion de tout votre cœur. Tandis que l’illusion vous semble naturelle, la Vérité vous paraît illusoire. Vous croyez et expérimentez l’illusion tandis que la vérité de la vie et de l’amour vous semble un poil exagéré. En tous les cas, quel bien peut vous apporter cette vérité si vous ne parvenez pas vraiment à la saisir? C’est un peu comme une comédie à vos yeux, ou un conte de fée. Vous ne parvenez tout simplement pas à saisir le sens de cette vérité, aussitôt vous sentez-vous désemparé. Un conte de fée, peut-être, ou bien une farce que je vous joue pour nulle raison évidente.

Si vous Me demandiez de vous dispenser de tout cet abîme entre l’illusion et la vérité, vous diriez :

‘‘Pourquoi Dieu ne fais-tu pas de l’illusion et de la vérité Une seule et même chose, puisque tu accomplis bien de plus grandes choses? Vérité ou pas, le fait est que j’ai l’impression d’être laissé à l’abandon, dans le froid. Je veux que Ton amour me réchauffe, et je veux être réchauffé par la présence des êtres qui me sont chers et qui paraissent avoir complètement disparu quelque part loin de moi. Il ne suffit pas de me dire que nous nous réunirons un jour peut-être. Je les veux maintenant et je Te veux toi aussi dans Ta pleine magnificence.’’