Cesse de tout juger sans arrêt. Juger équivaut à réprimander. Juger c’est souvent condamner au petit bonheur, en se fondant sur de simples conjectures. Le jugement, qu’il s’applique aux autres ou à toi-même, est un trouble fête. Oui, le jugement, autant pour celui qui l’émet que pour celui qui le reçoit, est un rabat-joie.

Par ailleurs, tu ferais bien de ne point verser dans l’éloge. Juger ou faire l’éloge de quelqu’un, dans ces deux attitudes quelque chose ne va pas. Tu peux chanter des louanges quand effectivement tu apprécies quelqu’un, mais vas-y tout de même modérément. Dès qu’il est question d’estime de soi, d’amour-propre, de dignité, de fierté ou de quelque autre combinaison, différentes significations peuvent jouer. Juger revient probablement renforcer tes perceptions, tes vues sur le monde.

Celui qui possède réellement une forte perception de lui-même aurait-il besoin d’ego? Qui a besoin de s’endurcir et qui a besoin d’éreinter les autres?

Quand Je te suggère de t’aimer toi-même, Je ne t’invite pas à faire ton éloge ou à nourrir des vues suffisantes sur toi-même. Je parle de la Réalité, de la Réalité du Soi. Cependant, ce que tu appelles réalité et ce que J’appelle Réalité ne sont pas la même chose. Entre ce que Je vois et ce que tu vois, il y a souvent un fossé.

Tiens, Je vais te dire quelque chose. Débarrasse-toi de l’ego, et tu ne jugeras pas. Qu’est-ce que juger sinon comparer une chose à une autre? Dans le monde, n’importe quoi peut être comparé à n’importe quoi. ‘‘Mon amour est telle la rose’’ est une affirmation d’amour bien plus valide que ‘‘Mon amour m’a abandonné’’

Que ton amour fleurisse telle la rose est une image de l’amour qu’il t’appartient assurément de donner. L’amour ne tient pas compte de ce que tu penses à son sujet. Il ne tient pas compte de tes vues, de tes jugements. La vie recèle bien plus de richesse que ce que l’intellect ou l’ego veulent bien entrevoir.

Lorsque tu mets l’ego et ses remparts de côté, il n’y a plus grand chose que tu ne puisses pas faire. L’ego est le père de toutes les limitations. C’est un poseur de barrières par excellence. Peut-être n’y a-t-il pas dans le monde de plus grand bâtisseur de rempart que l’ego. Qui peut se mesurer à l’ego dans cet art de prédominer dans le monde et d’y imposer ses limites? Peut-être l’ego est-il le meilleur de tous, à supposer que les limites aient une valeur quelconque. L’ego pourrait remporter le prix du meilleur dans ce qui se fait de pire. Mon conseil: n’y touche surtout pas et ne te laisse pas entrainer dans ses bouffonneries.

Ce doit être en effet l’ego qui dresse des frontières, qui mesure les différences entre les propriétés, qui instaure le concept de limite. L’ego juge. Il voit partout le besoin de juger. L’ego ne vaut que tant qu’il peut s’en prendre aux autres egos. Tantôt il enfle ta fierté, tantôt il la rabaisse, puis toujours s’en félicite.

Laisse-Moi te demander: si tous sont Un avec Moi, pourquoi ne l’es-tu pas? Pourquoi n’es-tu pas comme dans un esprit de Noël, où chacun est favorable et bienfaiteur pour chacun? Pourquoi les yeux des uns louchent-ils? S’il y a des grands pontifes, y a-t-il aussi des petits pontifes? Qui décide qu’untel est roturier et qu’untel est de sang noble?

Qui d’autre qu’un ego superficiel vivant dans un monde attaché aux apparences peut décider que l’un a de la valeur et l’autre n’en a pas?

Sans jugement dans le monde, les blessures, les ennuis, les attitudes nuisibles persisteraient-elles? Dans un monde qui aime au lieu de juger, ces nuisances perdureraient-elles?

Et en définitive, n’est-il pas possible que ce ‘‘mauvais’’ rôle soit aussi une façon de te montrer indirectement la bonne attitude en te disant ‘‘non, non, ne m’imite pas’’? En te confirmant par son exemple que tu dois à l’inverse aimer et simplement trouver encore plus d’amour?