L’amour véritable ignore les limites. L’amour limité, c’est l’amour entravé, asservi, trainé, découpé. L’amour véritable n’est pas comme l’ongle qui se ronge. Il n’est pas rationné. Tel un ballon gonflé d’hélium, il ne cesse de s’élever dans les hauteurs du ciel. L’amour véritable n’est pas attaché. Il ne jauge pas ni n’attache ; il est donné sans compter, jamais vendu, et nulle récompense n’est demandée. L’amour lui-même, l’amour sans chaines, est à lui-même sa récompense.

L’amour ne recrute ni comptables ni sentinelles. Il ne fait pas ses comptes. Il est comme un artiste qui peint ce qui lui plaît. Sa peinture est libre et prend les formes qui lui plaisent. Il n’y a pas plus de falsifications et de contraintes dans l’amour qu’il n’y en a dans l’art véritable. L’amour et l’art sont plus que des analyses. L’amour et l’art ne sont pas automatisés.

L’amour prend la mer en battant haut pavillon. Par amour de la voile, de la navigation, il se fraie une route à travers les mers inexplorées et des océans inconnus.

Aimer se suffit. L’amour n’en finit jamais, il se poursuit. Lorsqu’il atteint la terre, il ne s’arrête jamais de naviguer.

L’amour s’aventure au loin, et l’amour demeure. A travers toute sorte de temps, l’amour demeure. L’amour laisse aller, et tout suit derrière lui, tant est grande la force de l’amour. Si grande qu’il n’avance qu’à partir de ses propres forces. Il ne requiert aucune énergie extérieure. L’amour avance sans efforts car l’amour est naturel. C’est à cause de l’amour qu’un pissenlit fraie son chemin à travers les pierres. C’est à cause de l’amour qu’un humble pissenlit atteint la lumière du soleil.

Tout amour cherche à M’atteindre. Chaque être, chaque chose aspire à Me retrouver et l’amour vous projette encore plus haut. Les sommets de l’amour vous élèvent toujours et toujours plus haut. L’amour se tient sur vos épaules et il atteint les sommets où tout est amour et tout baigne dans des vagues d’amour. Vers où s’élever sinon là où tout est amour? Que croyez-vous que soit le Ciel? Le Ciel est ce lieu d’où vient votre amour et où demeure votre amour. Le Ciel est votre état naturel. Prenez l’ascenseur et montez-y.

Tout ce qui est requis pour s’élever est de se débarrasser du ballast qui vous a maintenu cloué au sol. Ce ballast, ce sont les poids du passé, le fatras de pensées qui viennent du passé, toutes les conclusions faites à propos du passé, les fausses conclusions du passé et aussi du futur. Je suppose que Nous pouvons aussi ajouter les fausses conclusions du présent, puisque vous le traversez. Or vous essayez de saisir l’insaisissable. La frénésie du temps vous a pris dans ses filets, et c’est de là que vous mesurez l’immense don qu’est l’amour naturel dans votre cœur. Vous voudriez l’attacher, et même si vous le connaissez mieux désormais, vous êtes toujours séduits par l’idée d’attacher l’amour, de le ligoter quelque part. Lorsque vous essayez de ligoter l’amour, vous le faites dépérir.

L’amour n’est pas une réponse. Bien entendu, c’est LA seule réponse qui soit. Pourtant il ne doit pas être recherché comme une réponse. L’amour a pour seul objet d’aimer. Il n’y a pas d’autre récompense à l’amour que celle d’aimer. L’amour n’est pas une accumulation de médailles ou de trophées. C’est un don actif, vivant. Il apporte du réconfort à tous les maux.

Voyez l’amour comme un chemin et empruntez-le. Faite de l’amour le nom de la rue que vous descendez. Bien sûr, l’amour est le seul chemin à suivre. Les autres chemins sont soit sans issues soit à sens contraire. Tous les autres chemins vous laissent sur le bas-côté. Ce sont des chemins d’illusions, des pièges, des traquenards. Vous les avez déjà suivis. Aussi, à chaque fois, même quand vous désespérez de ne pas avoir suffisamment d’amour dans votre cœur, il ne vous reste pas d’autre chemin à suivre que celui de l’amour, car il n’y a pas d’autre chemin qui ait autant de sel que ce dernier.