Ah ! Le Fils Prodigue! Ce que l’on peut dire de cette histoire, c’est qu’un fils est parti et qu’un fils est revenu. Le reste n’est que jugement. On peut dire que l’on a observé le fils vivre sa vie comme il l’entendait et prendre conscience, plus tard, de ses erreurs. On peut affirmer cela sans porter de jugement. Le fils a fait machine arrière par rapport à ses choix de vie. Il est revenu pour que son père lui accorde son pardon.

On peut également dire que l’autre fils n’est pas parti. On peut dire que l’autre fils est resté et n’est pas sorti de ce que le monde appellerait le droit chemin.

Cette parabole parle du fils du Père Qui Règne au Ciel.

Bien sûr, Je sais qu’aucun de Mes fils n’est perdu. D’autres peuvent penser que Mon fils est perdu. Mon fils lui-même peut penser qu’il est perdu et puis qu’il est trouvé, cependant, Je n’ai pas connaissance de qui que ce soit qui ait été perdu, et par conséquent, qui ait été trouvé.

A Mes yeux, tous Mes fils sont égaux.

Du point de vue du monde, c’est une toute autre histoire.

Quand le bon fils est resté à la maison, qui servait-il, Moi ou lui-même ? Cherchait-il à obtenir une récompense ? Lui devait-on quelque chose ?

N’est-il pas vrai que le Fils Prodigue représente chacun et chacune d’entre vous ? Qui peut dire qu’il, ou elle, n’a pas gaspillé de l’argent ou de la nourriture et qui peut dire qu’il, ou elle, n’a pas gaspillé une partie de sa vie à prononcer des jugements ou à faire des comparaisons indignées ? Et le bon fils, n’avait-il pas lui aussi des choses à se reprocher ? Le bon fils n’a-t-il pas gâché son coeur à force de se sentir supérieur ?

Ce que l’on peut dire sans se tromper, c’est que même s’il a été le pire des débauchés, des noceurs, des buveurs, même s’il a gâché sa vie comme personne, le Fils Prodigue a le mérite d’avoir dépassé tout sentiment d’autosatisfaction. Qui peut attester du bien que le Fils Prodigue a fait tout au long de son cheminement sur la route qu’il a voulu renier par la suite ?

En fait, ce qui se trouve derrière tout cela est la question : « Qui peut jeter la première pierre ? »

Le jugement est glacial. Celui, ou celle, qui passe sa vie à boire et à s’amuser donne l’impression de vivre une vie de plaisirs, c’est l’impression qu’il, ou elle, donne, mais se pourrait-il qu’il, ou elle, n’apprécie pas sa vie ? Le bon fils semble apprécier sa vie, mais se pourrait-il qu’il ne l’apprécie pas ? Ce qui semble être et ce qui est vraiment sont deux choses différentes.

Le monde juge. Dieu aime.

C’est pour cela qu’une fête est organisée pour célébrer le fils qui revient et qu’aucune fête n’est donnée en l’honneur du fils qui est resté. C’est ainsi que naît la disparité dans le monde.

Pourquoi le fils qui est resté ne se réjouit-il pas du retour de son frère ? Où se trouve son sens de l’hospitalité ? Le coeur du frère qui est resté ne peut-il pas embrasser son frère ? Pourquoi préfère-t-il faire étalage de ce qu‘il a perdu et de ce qui lui est dû ?

Dans son coeur, le fils qui est resté cherche à se débarrasser de son frère. Que se cache-t-il au fond du coeur du fils qui est resté ? Que se cache-t-il dans le coeur du fils qui est revenu ?

Qu’est-ce qui pousse le fils qui est resté à se sentir mal considéré et déprécié ? Si le coeur du fils qui est resté est glacé, qui l’a gelé ?

Si un homme meurt de faim, allez-vous faire attendre cet homme affamé pendant que vous dressez la table pour lui ? Attendriez-vous ?

Pour quelle raison le bon fils décide-t-il de tenir des comptes ? Pourquoi pense-t-il qu’on lui doit quoi que ce soit ? Le bon fils sera invité à partager le festin organisé en l’honneur de son frère ? Dans la maison de Dieu, on ne tient pas les comptes et il n’est pas nécessaire de présenter des tickets d’entrée comme cela se fait dans le monde.

On ne mesure le niveau de personne. On ne cherche pas à redresser quoi que ce soit. C’est le bon fils qui raisonne de la sorte. Cette façon d’aborder la situation est une option, mais à quoi bon l’adopter ? Pourquoi essayer de mesurer avec vos yeux et avec votre coeur ce qui est juste ou ce qui ne l’est pas ?

Le Fils Prodigue, celui qui a erré, a fait table rase de son passé. Grâce à cela, il a grandi.

Le fils qui est resté ne porte pas son Manteau Fait de Nombreuses Couleurs pour le moment. Le Bon Fils représente-t-il l’ego ? Pour le moment, le fils qui est resté s’accroche à son passé. Puisse le fils qui est resté aller au-delà de sa perception du monde et de l’idée qu’il a perdu sa place, puisse-t-il être heureux, s’il ne peut pas l’être pour son frère, qu’il le soit alors pour son Père.

Pourquoi Caïn a-t-il tué Abel ?