Même lorsque tu crois tenir la vie avec des brides, tu flottes. La vie, c’est comme aller sur un radeau. Tu peux toujours amarrer le radeau sur le rivage mais il peut glisser dans la mer et, d’une certaine façon, t’emporter avec lui. La vie va toujours t’emporter avec elle. D’une façon ou d’une autre, tu dois t’en accommoder. Tu peux le faire sans le moindre effort ou tu peux te traîner les pieds. Sans se soucier de quoi que ce soit, la vie va te faire monter à bord et t’emporter avec elle.

Tu peux créer la vie à mesure qu’elle se produit mais pourtant, tu n’en es pas le capitaine. Si tu penses que tu en as la charge, comme un capitaine est en charge, alors c’est une illusion parmi d’autres.

Ce que tu fais, c’est de vivre la vie. Ce qui arrive arrive, que tu l’invites consciemment ou non. Dans ce que tu sais, tu as ton mot à dire. De fait, tu as à ramer peu importe où te mène ton canot. Tu n’es pas pour autant impuissant. Tu descends le courant et c’est la randonnée de ta vie. Ou bien tu remontes le courant. Ou bien tu fais de petits rebonds à la surface de la vie ou bien la vie est ce petit rebond dans ta vie. Tu fais de petits rebonds à la surface. Ça, c’est la vie. Et pourtant la vie est une grosse amaryllis qui fleurit. La vie grandit. Laisse la vie grandir en toi.

Autant tu voudrais couler la vie dans la pierre selon certaines considérations, la vie n’est pas coulée dans la pierre. C’est un objet mobile, un cours qui fraie son chemin. La vie progresse à l’instant même où Nous en parlons ou pas. La vie est une expérience vivante et vibrante. Il incombe aux êtres humains d’observer et de maintenir la vie telle qu’elle apparaît. Il est nécessaire que tu fléchisses le genou devant la vie même si tu es le point d’appui de ta vie.

Nous pourrions dire que tu tires la charrette de la vie mais que tu ne peux pas vraiment la pousser. Tu peux toujours essayer, bien sûr. Tu as déjà essayé. Tu as essayé de plier la vie à ta volonté. Rappelle-toi que la vie est la vie et c’est tout ce que c’est, et la vie n’est pas tout. Accueille la vie et sache que la vie n’est pas ton pantin, pas plus que tu n’es le pantin de la vie. Tu auras peut-être à aller où la vie t’emmène. Comment tu suis la vie, ça, c’est ton affaire. En ce sens, tu as une éminente souveraineté sur ta vie.

Tu peux suivre le chemin de ta vie par un saut, un évitement ou un bond. Tu peux danser en son honneur. Tu peux tenter d’enchaîner la vie à ta volonté. Tu peux clopiner. Tu peux te retirer. Dans tous les cas, tu dois t’en accommoder. La vie est plus que ce que tu peux en penser et, en même temps, tu en mets trop. Vois la vie comme une chanson que tu entends et chante-la! Parfois ce sont des airs que tu aimes. Et parfois, ce sont des airs que tu n’aimes pas. Dans l’un ou l’autre cas, tu dois chanter la chanson que tu as à chanter jusqu’à ce que la boîte à musique change.

Bien sûr, tu dois accepter la vie. Ne confonds pas entre aller de l’avant et forcer la vie à obéir. La vie peut te déposer à un endroit aujourd’hui et demain, à un autre. La vie a vraiment une vie qui lui est propre et cela, tu dois l’accepter.

Tu n’es ni un pantin ni un pion. Néanmoins, tu dois suivre la vie. La vie te fera savoir quand tu peux tourner à gauche et quand tu peux tourner à droite mais, malgré tout, tu peux aimer la vie pour ce qu’elle est. Pourquoi ne pas aimer la vie, ce roman que tu lis. Tu peux certainement reposer tes yeux pour quelques instants mais la vie continue et t’emporte avec elle.

La vie doit être une expérience de croissance. Il ne t’appartient pas de pointer du doigt les mauvais virages qu’a pris la vie, selon ta perception. La vie veut te faire prendre les bons virages. Élève-toi au-dessus de la terminologie du monde et donne de meilleurs noms à ce qui transpire de la vie. Donne-toi également de nouveaux noms. Fais un bon virage avec la vie.