Rien ne doit pouvoir troubler votre paix intérieure. Celle-ci est supposée être intouchable. Vous laissez pourtant n’importe qui – Pierre, Paul ou Jacques – semer le trouble. Aujourd’hui, vous laissez votre paix se faire submerger par n’importe quelle panne de voiture, n’importe quel bug informatique, n’importe quel type de problème auquel vous pourriez penser. En avez-vous conscience? Réalisez-vous que vous vous êtes spécialisé dans l’art d’être ennuyé?
Bien évidemment, vous croyez que les assauts contre la citadelle de votre paix intérieure sont dirigées depuis le monde extérieur, alors que c’est bien vous qui détenez les fusils et les canons. C’est vous qui proclamez : ‘‘Attention, problèmes en vue. Les difficultés arrivent. Plusieurs cailloux déjà dans ma chaussure. A l’aide. A l’aide. Appelez des troupes d’urgence pour un renfort immédiat. C’est très inquiétant. Très inquiétant. Il faut absolument stopper l’attaque…’’
Votre seule manière de vous défendre contre les ennuis consiste à vous concentrer sur eux et ainsi à perdre votre paix intérieure. Vous mâchez et remâchez la pomme de discorde jusqu’à l’épuisement. Ah. Votre voiture ne démarre pas. Cela devient très vite le drame du siècle. Qu’un moteur ne démarre pas, c’est une chose. Mais c’est tout autre chose que d’en faire une tragédie, une tragédie telle que la citadelle de votre paix intérieure vacille.
C’est vous qui aggravez les choses, pas la voiture. La voiture, c’est une chose. C’est un évènement plein d’humilité. C’est vous qui par contre en faite toute une montagne. C’est vous qui décrétez que c’est la pire chose qui vous soit arrivé – depuis en réalité le dernier événement que vous avez dramatisé…
Rien ne doit pouvoir vous froisser. Rien ne doit pouvoir vous perturber. Votre voiture est en panne? Même si cela vous semble sur le moment une tragédie de proportion galactique, ce n’est rien du tout à l’échelle de votre vie. Ce n’est même pas une blessure. Cela n’a rien de gigantesque. Les voitures tombent souvent en panne. Votre ordinateur ne se met pas en route? La boule de glace à la fraise que vous teniez par le cône vient de tomber par terre ? Ce n’est pas dramatique. Où se trouve votre équilibre dans votre vie? Ce n’est pas comme si la vie vous échappait des doigts. C’est vous qui rendez les petites choses énormes.
Réduisez la taille de ces petites choses. Ces petites choses que vous rendez grandes sont de petites branches. Laissez le courant du fleuve de la vie les emporter au loin. Vous n’êtes pas obligé de les porter sur votre dos.
Soyez impartial avec les petites tracasseries du quotidien. Les petits événements n’ont pas à devenir des tragédies. Si la paix représente la fondation même de votre vie, pourquoi la faites-vous trembler autant et si souvent?
Considérez que la paix est comme une chambre dans laquelle vous vivez. Vous y laissez traîner sur le sol des chaussettes trouées, jusqu’à ce que vous en veniez à croire que ces chaussettes vont vous mordre. Cessez de jeter des chaussettes trouées par terre. Cessez de vous encombrer de ce qui n’est rien.
Aggraver les choses, est-ce plus important que votre paix? Accordez-vous plus de valeur à la dramatisation qu’à la paix? Cela doit être cela, sinon vous ne le feriez pas si souvent. Vous ne favoriseriez systématiquement la dramatisation. Gardez votre paix, bien-aimés. Soyez vigilant à ne point la perdre. Baissez vos armes. Détendez votre cœur. Déclarez que la paix est votre modus operandi. Déclarez la paix, et n’en déviez pas. La paix est toujours à portée de main, là, toujours disponible. Choisissez-la et abandonnez ce qui n’est pas elle. Elle est à vous. Elle vous appartient de droit.
L’aggravation est de votre fait, c’est votre invention. Imaginez quelque chose d’autre.
Imaginez un ours polaire se prélassant mollement dans la neige. Comme cet ours, roulez-vous joyeusement dans la neige.
Imaginez un chiot qui joue. Et comme un chiot joueur, laissez les obstacles, bondissez, sautez allègrement par-dessus.
Imaginez un enfant de Dieu. C’est ce que vous êtes ! Ne faites pas le spectre. Ne jouez pas les fantômes. Soyez vous-même. Soyez pleinement dans la vie. Vous n’êtes pas dans un jeu dont les enjeux seraient énormes. Vous jouez dans une partie de carte insignifiante, pas du tout dans les proportions que vous aviez imaginées.
Soyez de bonne humeur. Qu’importe ce qui se présente sur votre route, soyez de bonne humeur.